Bip Bip et Coyote: la contrainte source de créativité

Les (més)aventures de Vil Coyote et Bip Bip s’inscrivaient dans un cadre pour le moins rigide. Aucune de ces histoires ne pouvait déroger à 9 règles bien établies au départ. Leur succès constitue toujours aujourd’hui une preuve que de la contrainte peut découler la meilleure créativité. 

Tout le monde connait Vil Coyote et Bip Bip. Mais qui peut dire de combien de façons le premier a échoué à attraper le Grand Géocoucou ? Les concepteurs de la série ne manquaient pas d’inspiration pour établir de nouvelles et loufoques histoires. C’est le moins qu’on puisse dire.  Ce que l’on sait moins, c’est que le cadre définit pour concevoir les péripéties des deux compères était pour le moins contraignant. Chaque histoire devait respecter neuf règles clairement établies au départ.

Ces règles ont été révélées en 2015 par le réalisateur Amos Posner. Il a tweeté une photo de l’autobiographie de Chuck Jones, célèbre directeur du département d’animation de la Warner de l’époque.

Traduisons ces 9 commandements :

1. Bip Bip ne peut blesser Vil Coyote sauf en hurlant «Bip! Bip!».
2. Aucune force extérieure ne peut blesser le Coyote – seulement sa propre incompétence ou la mauvaise qualité des produits ACME.
3. Le Coyote pourrait s’arrêter à tout moment – s’il n’était pas fanatique
(Rappel: «Un fanatique est une personne qui redouble d’efforts alors qu’il a oublié son objectif» – George Santayana).
4. Jamais de dialogue, excepté le légendaire «Bip! Bip!».
5. Bip Bip doit rester sur la route.
6. Toute l’action doit se dérouler dans l’environnement naturel des deux personnages, le désert du Sud-Ouest américain.
7. Tout le matériel, outil, arme ou équipement mécanique doit provenir d’ACME Corporation.
8. Dès que possible, la pesanteur est l’ennemi juré du Coyote.
9. Le Coyote est toujours plus humilié que blessé par ses échecs.

La contrainte comme source de créativité

Le cadre dans lequel pouvait s’exprimer les scénaristes était donc clairement limité. Cet exemple, toutefois, démontre que la contrainte peut être une beau moteur de créativité. La preuve puisque qu’en ont découlé d’innombrables gags. Vil Coyote a poursuivi Bip Bip durant 48 épisodes (si l’on excepte quelques extras). Chacun dure entre 4 et 7 minutes.

On en retiendra, dès lors, qu’inscrire la production de son contenu dans un cadre bien établi au départ permet de ne pas s’éparpiller et garantit que votre audience y trouvera toujours son compte. En l’occurence, ici, une belle tranche de rire, que l’on soit grand ou petit.

Notez qu’aucune de ces règles n’interdit à Coyote d’attraper Bip Bip. Aussi y arrivera-t-il une seule fois, comme l’atteste cette vidéo extraite d’un épisode, sans que cela ne se passe toutefois comme il l’aurait espéré…

Sébastien Lambotte
@SebLambotte

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